Ça peut paraître simple et même si cette expression est largement utilisée depuis des décennies, sait-on vraiment tout ce qu’elle implique?
Cette expression représentait également le titre d’une série de conférences donnée ces dernières années à la pépinière Dominique Savio dans le cadre des formations de l’Association des responsables d’espaces verts du Québec (AREVQ) par notre agronome Carole Tremblay et dont voici les grandes lignes.
Si l’on considère l’affirmation dans sa plus simple expression, on pense tout de suite à un arbre de bonne qualité, pas trop gros ni trop petit pour le site à planter et qui résistera aux conditions environnementales du lieu. Mais en fait, elle renferme beaucoup plus que ces simples éléments. Il convient donc de se poser une série de questions essentielles, dont en voici la première :
Pourquoi on veut planter?
Est-ce pour faire un brise-vent? Un écran? Une touche décorative? De l’ombre sur la chaussée ou sur l’habitation? Bien-entendu, la réponse peut varier selon le professionnel consulté, mais il est recommandé de bien définir les objectifs dès le départ et d’en discuter avec les autres individus et professionnels impliqués dans le projet (arboriculteurs, ingénieurs, architectes, urbaniste ou simplement votre voisin). De ces questions émaneront des réflexions qui permettront d’aborder la seconde question :
Où doit-on planter?
Plusieurs contraintes peuvent se présenter sur le site, que ce soit la présence d’immeubles ou de structures permanentes, d’infrastructures souterraines (services électriques, gaziers, télécommunications, aqueduc, etc.), d’une utilisation restrictive du site (ex : dépôt à neige), d’arbres existants, etc. Une fois le site choisi, une troisième question s’impose :
Quels sont les contraintes du lieu?
Il convient de déterminer le plus précisément possible les contraintes du lieu, dont en voici plusieurs exemples illustrant bien l’importance de l’observation sur place et du dialogue avec les individus et professionnels impliqués :
- Vent : un peu ou beaucoup? D’où proviennent les vents dominants?
- Neige : si abondante, y a-t-il des rongeurs? Sinon, y a-t-il présence de glace? Si le site est fortement minéralisé (asphalte, pavé ou béton), le gel pourra-t-il descendre plus profondément dans le sol?
- Pollution de l’air ou du sol? (et oui, le « jus de poubelle » est toxique);
- Embruns salins (éclaboussures de sel de déglaçage): même si on ne le voit pas, une autoroute peut générer des embruns sur plus de 500 m, dépendamment de la vitesse et de la grosseur des véhicules;
- Obstacles aériens et souterrains;
- Défis d’entretien comme le déneigement ou les usages du lieu (garderie, école, proximité d’un trottoir ou d’une aire de stationnement, etc.);
- Qualité et quantité de terre disponible aux racines, le piétinement, le drainage;
- Diversité végétale environnante (règle de Santamour : max 10 % des arbres d’une même espèce, 20 % d’un même genre (ex : bouleaux) et 30 % d’une même famille (ex : Betulacées)). La diversité fonctionnelle est également pertinente à considérer, mais c’est une avenue en développement.
Si l’emplacement choisi est soumis à des conditions adverses, mieux vaut miser sur des valeurs sûres, comme les espèces suggérées dans le Répertoire des arbres recommandés en milieu urbain publié par l’IQDHO en collaboration avec l’AQPP. Cependant, si l’on cherche à sortir des sentiers battus et choisir des espèces moins fréquentes, il faut prévoir faire des tests et un suivi d’observation, car les nouveautés ont rarement été testées à long terme avant leur mise en marché. Leur zone de rusticité et les dimensions indiquées sont, la plupart du temps, grossièrement estimées à partir d’arbres apparentés déjà connus. Pour en apprendre plus sur les nouveaux cultivars, il est bon d’utiliser et comparer plusieurs ouvrages de référence, les informations pouvant varier d’un auteur à l’autre. Ces sources d’information incluent les éléments suivants :
- ouvrages spécialisés
- catalogues
- guides
- sites internet fiables (université, arboretum, centre de recherche, etc.)règlements municipaux (espèces proscrites)
Le moment venu, il est essentiel de planter au bon moment et de pouvoir compter sur un approvisionnement de qualité auprès d’une pépinière de confiance. La période de plantation recommandée varie selon qu’il s’agisse d’un arbre à feuilles caduques ou persistantes, qu’on plante en terre franche ou en milieu minéralisé, ou que l’arbre soit à racines nues, en motte ou en pot. Une pépinière de confiance est un fournisseur qui doit pouvoir nous acheminer des arbres de la dimension voulue, acclimatés dans notre zone de rusticité depuis plus d’un an, qui possèdent une flèche bien définie, sans blessure avec au moins 4 branches charpentières définies et espacées d’au moins 15 cm. En cas d’incertitude, se référer aux normes horticoles du bureau de normalisation du Québec.
En conclusion, il nous faut préciser que malgré tous les efforts mis à choisir le bon arbre planté au bon endroit, si on ne déploie pas tous les efforts pour fournir à l’arbre l’espace suffisant et l’entretien adéquat à son bon développement, aucun arbre connu à ce jour ne pourra répondre aux attentes!